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Le travail selon le temps et la productivité : c’est terminé !

Travaillons-nous trop ? Quel est notre rapport avec le temps de travail ? Comment évolue-t-il et comment pourrait-il s’organiser dans les années à venir ? Autant de questions auxquelles Samuel Durant cherche (et apporte) des réponses dans son dernier film documentaire « Time to work » .

Et pour trouver ces fameuses réponses, Samuel est allé voir ce qu’il se passe au-delà de nos frontières du centre européen : du Japon à la Suède, en passant par Lyon, les Pays-Bas ou encore l’Italie, il est parti à la rencontre de ceux qui ont repensé les schémas traditionnels pour trouver une meilleure façon de travailler.

Découvrez le trailer :

La semaine de 4 jours

Ces dernières années, face à l’épidémie de burn-out notamment, on se dit régulièrement qu’on travaille « trop ». Le premier réflexe est alors de chercher à réduire le temps de travail, en passant par exemple à la semaine de 4 jours. D’après Microsoft, le système augmente l’efficacité au travail de 40%, notamment parce qu’il permet de mieux gérer un équilibre vie privée – vie professionnelle.

Quand on a moins de temps, on prend mieux conscience de sa valeur, pour soi comme pour les autres.

Mais attention : pour que le passage de 5 à 4 jours en entreprise soit efficace, il ne faut pas ramasser le même nombre d’heures de travail sur moins de jours (comme c’est désormais le cas en Belgique), mais bien accepter de réduire également les heures de prestation. Passer par exemple à 32 heures sur 4 jours, au lieu de 36 heures en 5 journées de travail.

Samuel Durant explique : « Les entreprises sont encore globalement assez frileuses parce qu’elles ont peur. Elles ont du mal à comprendre que réduire le temps de travail, augmente la productivité, parce que les bienfaits de la semaine de 4 jours sont contre-intuitifs. Pourtant, il y a une prise de conscience de la valeur du temps de chacun. Quand on a moins de temps, on prend mieux conscience de sa valeur, pour soi comme pour les autres. On priorise mieux les actions, on rend les réunions plus efficaces, on fait preuve d’une meilleure polyvalence. »

Le modèle belge est un modèle de compression des heures, ce qui n’a pas les mêmes bienfaits puisque ça ne permet pas de réduire l’intensité de travail.

Le cas belge

L’année dernière, le gouvernement De Croo a fait passer le fameux « Job deal » dans lequel la semaine de 4 jours est devenue une possibilité pour tous les employés de Belgique. Mais sans diminuer les heures de travail : les Belges peuvent ainsi travailler jusqu’à 10 heures par jour pour pouvoir justifier d’avoir trois jours « off » par semaine.

Pour Samuel Durant, c’est un non-sens. « Le modèle belge est un modèle de compression des heures, ce qui n’a pas les mêmes bienfaits puisque ça ne permet pas de réduire l’intensité de travail. Ceux qui veulent maintenir le modèle du nombre d’heures se trompent par peur.

Après 10 heures passées au  bureau, tout les bienfaits du temps de repos ne fonctionne pas. Alors qu’un bon équilibre entre le professionnel et le personnel fait qu’on est vraiment plus détendu, on a beaucoup moins de problèmes qu’on fait venir au travail, ce qui permet de travailler mieux ! On gagne en productivité. Mais il faut du temps pour le comprendre… »

Dans le documentaire « Time to work », les intervenants soulignent l’importance de travailler intelligemment plutôt qu’intensivement. Ce qui compte, ce n’est pas le nombre d’heures prestées, mais le résultat.Et il dépendra notamment des réponses qu’on donne aux besoins humains : se reposer, se ressourcer, passer du temps en famille, …

“Let my people go surfing”

Parallèlement à l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle, le documentaire « Time to work » aborde la notion d’harmonie entre son emploi et la sphère privée. Il s’agit ici d’intégrer les deux dans son quotidien de manière à permettre à chacun d’aménager son temps de travail comme il l’entend. « L’évolution du travail à distance, l’hybride, le télétravail, … Tout ça a révolutionné notre rapport à l’espace-temps dans le travail », souligne Samuel Durant dans sa dernière production.

Penser le travail à travers le prisme du temps et de la productivité appartient au siècle dernier.

Arrive alors le concept de « Lifework integration », qui consiste à donner la liberté au travailleur de gérer son rythme de travail lui-même sur une journée ou une semaine, mais que le travail trouve sa place dans le quotidien, dans la vie privée. Ce qui nécessite de faire un job dans lequel on croit, de faire quelque chose de gratifiant et dès lors, de ne pas souffrir de s’y investir à fond. Il s’agit plutôt d’une formule qui convient aux entrepreneurs et aux sportifs de haut niveau, par exemple.

Ce qui amène Samuel à ce constat : « Penser le travail à travers le prisme du temps et de la productivité appartient au siècle dernier, notre challenge est plus vaste. C’est la définition du travail qui doit être repensée. »

Redéfinir le travail

Dans son film documentaire, Samuel Durant nous emmène donc sur des routes de questionnements et de réflexions pour aboutir à une nouvelle vision du travail. « C’est finalement ma vision du travail que je partage et qui consiste à intégrer son job dans la vie, plutôt que de cloisonner, d’avoir une franche séparation entre le pro et le perso. En faisant le film, j’ai réalisé que 50% des gens qui s’intéressent à la question pensent comme moi, même s’il n’y a bien entendu pas une seule bonne façon de faire, les entreprises ont chacune des façons de fonctionner différentes, elles doivent apprendre à s’accommoder selon. »

Pour conclure finalement sur une définition du travail inspirée de l’anthropologue James Suzman : travailler, c’est dépenser de l’énergie dans un but précis. « C’est intéressant, parce que ça prend en compte l’ensemble du travail au niveau universel, y compris celui qui est gratuit. »

On n’aurait pas mieux dit.

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Lucie Hermant
Lucie est journaliste, raconteuse d'histoires vraies. Passionnée par les humains, leur courage et les bruits qu'ils font : elle écrit des trucs tout le temps, les dit à la radio souvent, et se passionne pour les podcasts d'inspiration. Parce que rendre le monde (du travail) plus beau, ça passe d'abord par les idées de ceux qui chamboulent le système. Lucie, ce qu'elle aime, c'est donner la parole à ces gens-là. Lucie is journaliste, een echte vertel-ster. Ze is gepassioneerd door mensen, hun moed en de geluiden die ze maken: ze is altijd aan het schrijven, komt vaak op de radio en is gepassioneerd door inspirerende podcasts. De (werk)wereld mooier maken begint immers met ideeën van mensen die het systeem op zijn kop zetten. Lucie geeft hen daarom graag een stem. Voir tous les articles de #Lucie Hermant