"Exploring the future of work & the freelance economy"
SLUIT MENU

Ans De Vos : « Je crois en une économie qui aurait des liens de collaboration plus informels »

La professeure Ans De Vos, titulaire à l’Antwerp Management School de la chaire Next generation work de SD Worx : “Creating Sustainable Careers est un plaidoyer pour une vision plus stratégique du déploiement au cas par cas de talents externes.“ Elle insiste sur le rôle que les RH doivent jouer dans une organisation qui utilise des freelances.

« Sur base de l’étude que nous avons réalisée, nous ne pouvons pas nous prononcer sur un nombre réel de freelances – cela semble même difficile à estimer car il ne s’agit pas d’une catégorie ‘as such’ – mais on peut affirmer qu’il n’y a pratiquement aucune organisation qui n’ait fait appel à des freelances, structurellement ou ponctuellement “, explique la professeure Ans De Vos.

Dans son rapport d’étude intitulé ‘Leveraging External Talent as a Strategic Resource’ (Tirer parti des talents externes en tant que ressource stratégique), la professeure a déclaré, à l’instar du professeur Peter Cappelli (Wharton Business School), qu’il incombait aux entreprises de développer une vision pour créer, acheter ou louer des talents, autrement dit ‘build, buy, borrow’. C’est la question essentielle et stratégique en matière de talent management : recrutez des collaborateurs à potentiel et permettez-leur d’évoluer dans l’entreprise, ‘achetez’ le talent expérimenté qui a fait ses armes ailleurs, ou ‘louez’ les talents flexibles que sont les freelances et les collaborateurs temporaires, ou encore pratiquez le co-sourcing avec d’autres organisations.

Recherchée : la vision

Une question stratégique ? Ans De Vos fait remarquer que seule une minorité d’entreprises possède ici une véritable vision stratégique. « Pour de nombreuses organisations, engager des freelances se fait ponctuellement, pour par exemple remplacer temporairement un collaborateur. Ou lorsqu’il n’y a pas de budget pour engager et qu’une expertise déterminée est nécessaire pour combler un manque – des situations où les entreprises vont vouloir attirer des freelances. »

Et les RH dans tout ça ? « Bien souvent, ce département n’a pas connaissance, ou alors avec retard, de l’arrivée de talents externes », nous-dit-elle. Quand le personnel des RH sera-t-il tenu au courant ? « Normalement, le freelance va émarger au budget d’un des départements, mais les RH vont être informées au moment de créer le badge de la personne. Et cela ne tient pas debout : si l’entreprise veut rester rentable et demande à cet effet aux RH de maîtriser les coûts liés au personnel, et que le business fait des dépenses parallèles pour s’adjoindre des freelances, il y a quelque chose qui cloche. »

Et Ans De Vos de poursuivre : « Mais le fait d’attirer des freelances talentueux n’a rien de mal en soi, car je crois en une économie qui aurait des liens de collaboration plus informels.  Si nous ne devons pas revenir à une situation où n’existent que des contrats à long terme, encore faut-il avoir une véritable vision. »

Au-delà du HRM classique

« Le département des RH ne doit pas se contenter d’attirer des talents externes, mais doit aussi jouer un rôle dans la gestion de ces ressources, et de préférence sans faire de distinction avec le personnel permanent. Les connections sociales sont essentielles pour stimuler la motivation et les prestations », explique Ans De Vos, en se référant à la méthode ABC. « Un freelance ne manquera pas d’Autonomie, mais l’Appartenance – faire partie d’un groupe – est primordiale, tout comme être jugé pour ses Compétences. Le fait de ne pas inviter un freelance à participer à un drink est juridiquement conforme, mais du point de vue psychologique, c’est tout simplement contre-productif », dont acte.

“Les RH doivent en fait évoluer vers le Total Workforce Management : nous nous sommes longtemps concentrés sur le collaborateur, mais ce qui compte vraiment, c’est d’analyser les objectifs que l’organisation doit atteindre », poursuit-elle encore. « Les RH doivent savoir comment être assurer de réaliser ce qui permet d’atteindre l’objectif organisationnel, au lieu de rechercher méthodiquement des candidats, de les garder, de les mobiliser. »

“Si vous voulez élargir le débat, vous devez vous demander si les RH ne doivent pas elles aussi réfléchir aux tâches à confier à des freelances, ou peut-être rassembler des tâches afin de créer une nouvelle fonction ou pour l’attribuer à un collaborateur en place. Mais également repérer les tâches à automatiser, et à externaliser en fait à un robot. »

Freelance journalist. Doet van horen, zien en schrijven over o.a. HR en de arbeidsmarkt. Voir tous les articles de Timothy Vermeir