"Exploring the future of work & the freelance economy"
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Des chiffres sur toutes les offres (de mission) sinon rien

Salaire attractif, rémunération avantageuse, package salarial compétitif …, à quand les vrais chiffres derrière ces expressions galvaudées ? Pour Jean-Noël Chaintreuil, stratégiste RH et accompagnateur de changement, c’est clair : il faut passer de l’offre d’emploi Walt Disney à l’offre d’emploi Ikea. Fini les paillettes plein la tête, on veut le kit détaillé, petits et grands outils intégrés.

Mettre le doigt sur la transparence des salaires c’est mettre la main entière sur une notion plus globale encore, et plus “enrichissante” (si l’on ose dire) : l’expérience de recrutement. Parce que c’est de ça dont il s’agit réellement, plus qu’une simple lampe torche sur des chiffres. Et Jean-Noël Chaintreuil l’a bien compris, lui qui planche au quotidien sur l’avenir des organisations et la culture managériale.

Expérience de recrutement

Le piège serait de réduire l’annonce au salaire. “Il y a un vrai process derrière, une vraie expérience de recrutement. Expérience qui devrait, d’ailleurs, être entièrement repensée. Quels sont les mots clés à faire poper dans l’annonce ? Quels filtres sont mis en place par le candidat ? À quel profil s’adresse-t-on exactement ? C’est vraiment tous les avantages à côté, les valeurs de l’entreprise et ce qui est offert comme expérience de recrutement ET de rémunération qu’il est nécessaire de prendre en compte.”

C’est le concept de ‘salaire attractif’ qui ouvre la brèche à des candidatures en masse. Parce qu’au fond, l’attractivité est toute relative

Attractivité relative

Mais pourquoi les entreprises sont-elles si réticentes à amorcer le changement ? Un salaire affiché, trop de candidatures sur la table ? Des chiffres posés, un bataillon de mercenaires devant la porte ? “Oui, d’un côté, les entreprises craignent pour la qualité de leur processus de recrutement, ont peur de voir débarquer une flopée de CV non pertinents, guidés par la seule cupidité des candidats, et de perdre du temps. Alors que c’est tout l’inverse.

Selon moi, c’est le concept de “salaire attractif” qui ouvre la brèche à des candidatures en masse. Parce qu’au fond, l’attractivité est toute relative, elle ne sera pas la même pour des gens qui ont une famille, pour des gens qui ont une forte envie d’évolution dans leur carrière… Tout est une question de point de vue” affirme notre stratégiste RH.

Le cul entre deux chaises

Et puis, il faut le dire, l’Europe est un terrain fertile à la réticence. Ici, dans nos contrées, un seul mot d’ordre fait loi : vivons heureux, vivons cachés. Pas de salaire exhibé. Fausse modestie parfois. Rétention d’informations. Semblant de pouvoir. “On a un vrai tabou en France et plus largement en Europe sur cette notion de salaire. C’est comme si on était pris dans deux modèles, coincés entre le modèle américain où la tendance serait presque de porter des t-shirts floqués “je gagne 10 000 euros par mois”, et le modèle européen, où la discrétion est de mise parce que chaque acte d’achat est sujet au jugement extérieur, à la dévalorisation ou encore aux jeux de pouvoir. Sur les offres d’emploi/de missions c’est assez parlant.”

“C’est comme ça consomme 🎶”

Question de culture donc. Mais aussi de digitalisation de la société. Avec l’avènement du digital, nos modes de consommation ont radicalement changé. Aujourd’hui, tout est informations. Lorsque l’on commande en ligne, chaque produit ou service est détaillé, dans sa composition, dans son prix, dans ses valeurs, dans sa provenance…

Pourquoi n’en serait-il pas de même pour les offres d’emploi ? “J’ai récemment fait cette analogie avec Yuka (appli qui décrypte les compositions alimentaires). Au fond, ce serait intéressant de pouvoir flasher les annonces et d’obtenir immédiatement toute une grille de données. Est-on prêt, tout comme pour les produits, à accepter un salaire moindre en sachant à quel point la culture de l’entreprise répond à nos aspirations ? Ou encore à prendre plus gros en connaissant la pénibilité du travail derrière ?” interroge Jean-Noël Chaintreuil.

Une étoile (même pas) sur Glassdoor

La transparence des salaires évite bien des déconvenues, tant du côté des recruteurs que des candidats. “En situation d’entretien, il n’y a rien de pire que de discuter, de matcher, de “fiter” et de se rendre compte, à la toute fin de l’échange, que le salaire ne convient pas.

Résultats ? On se remplit de frustrations, on rumine le temps perdu et la déception. Qu’est-ce qui pourrait alors retenir le candidat d’aller poster un avis négatif sur Glassdoor ?” Les conséquences d’une opacité voulue peuvent être terribles sur l’entreprise, jugée hors-sol et incapable de s’aligner aux prix du marché.

Les entreprises doivent désactiver les peurs des candidats et leur montrer que leur travail, les efforts fournis, ont de la valeur. Et qu’ils seront récompensés pour ça…

Parce que ça compte !

“On vous comprend”, voilà ce que veulent lire les candidats et les freelances, ceux-là mêmes qui en ont ras-le-bol de devoir deviner les mots soufflés “entre les lignes”. “Les entreprises doivent désactiver les peurs des candidats et leur montrer que leur travail, les efforts fournis, ont de la valeur. Et qu’ils seront récompensés pour ça, de manière juste.” Le message ? “Nous recruteurs, on sait que certaines journées vont être plus dures que d’autres, mais on vous propose un salaire, pour le coup, vraiment attractif et un package complet !”.

Enfin, il faut donner aux futurs collaborateurs une “vision”. Les projeter dans un environnement, mais aussi dans une orientation de carrière, dans une possibilité de développement. Et Jean-Noël Chaintreuil de conclure : “on en revient à cette notion d’expérience, on ne la vit pas de la même manière si on n’arrive pas à se projeter.”


Jean-Noël Chaintreuil

Bon élève, au parcours académique traditionnel, carriériste, les certitudes en bandoulière, bien établi dans sa boite (Air Liquid)… La rupture arrive quand Jean-Noël Chaintreuil se rend compte que son besoin de liberté, de modernité aussi est plus fort que tout. Il monte alors sa propre start-up, le laboratoire d’acculturation Change Factory  et en devient le directeur, il se trouve et se découvre dans l’enseignement, dans le conseil et l’accompagnement.

Futur of Work, organisations de demain, culture managériale… sont autant de thématiques qu’il aborde au quotidien. C’est donc ainsi que son chemin se pave, au gré des envies, avec les rencontres.


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Anne-Sophie Debauche
Créatrice de contenus, Anne-Sophie est passionnée d’écriture, curieuse et captivée par le pouvoir des mots. Des fenêtres qui ouvrent et éclairent nos communications. Freelance, elle met sa plume au service de l’entrepreneuriat et questionne les nouvelles tendances RH. L’avenir du travail, un sujet qui n’a pas fini de faire couler son encre… Anne-Sophie is een content creator, gepassioneerd door schrijven. Ze is nieuwsgierig, geboeid door de kracht van woorden en zorgt voor deuren die opengaan en onze communicatie vergemakkelijken. Als freelancer gebruikt ze haar pen voor ondernemerschap en stelt ze nieuwe HR-trends in vraag, zoals de toekomst van werk, een onderwerp waar nog steeds veel over wordt geschreven ... Voir tous les articles de #Anne-Sophie Debauche