"Exploring the future of work & the freelance economy"
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«Tous doivent tenir le même propos»

Réunissez des stakeholders du nouveau marché du travail flexible dans une pièce, et soyez sûr que les idées et les points de vue vont se mettre à fuser. Ce fut le cas en octobre dernier, lorsque des partenaires de NextConomy se sont rencontrés pour discuter d’avenir du travail et de marché du travail de demain. Nous voulons partager quelques-uns des points de vue des participants.

« Nous réfléchissons encore de façon trop traditionnelle quand nous tentons d’imaginer à quoi l’écosystème devrait ressembler demain », nous dit d’emblée Ellen Saeys (TAPFIN) lorsque nous l’interrogeons sur les grands défis qui l’attendent elle et les autres acteurs de l’écosystème. « Oui, poursuit-elle, il y a certainement encore des étapes à franchir, même si aujourd’hui nous ne pouvons pas et/ou n’osons pas toujours les franchir.

Mélanie Deblanc de GIGHOUSE, spécialiste des PME, concrétise le propos :  « Il sera important de prévoir un cadre (juridique) clair dans lequel le freelance peut opérer librement, mais où la PME va également se sentir ‘rassurée’ ». Les craintes, les doutes et les fausses idées qui de nos jours prennent parfois le dessus, doivent être écartées, et cela n’est réalisable que si ces partenaires s’unissent et tiennent le même propos. »

Plus besoin de statuts différents

Tous les participants conviennent que les autorités doivent prendre d’importantes mesures. Et comme le dit Mark Willems (Jellow), bricoler ne suffit pas. « De plus en plus de travailleurs passent freelances en guise de révolte contre le statut traditionnel d’employé ou d’ouvrier, et parce qu’ils veulent plus de flexibilité, plus de liberté et plus d’espace pour être créatifs. Le seul fait d’accepter de prendre certains risques en dit déjà long. D’un autre côté, de plus en plus d’entreprises choisissent de faire appel à l’expertise et à la main d’œuvre des freelances, notamment pour leur flexibilité. Si le travail était vu comme une série de missions et non comme un job bien délimité comportant un ensemble de tâches fixes, et si l’on acceptait qu’il y ait plus de flexibilité dans, par exemple, l’horaire de travail ou la permutation des ‘clients’, nous n’aurions probablement plus besoin de statuts différents ».

Jef Franck (SBB Accountants & Adviseurs) intervient : « Comment faire pour que tout le monde soit sur la même longueur d’onde ? » « La demande et l’offre de missions peuvent être satisfaites de différentes manières. Salarié ou freelance… Un choix compliqué aux nombreuses possibilités. Comment déterminer la norme, les procédures et un plan par étapes pour ne pas se tromper ? Tant pour celui ou celle qui a placé la mission sur le marché, que pour celui ou celle qui va l’exécuter. »

Une position claire

Si l’on veut progresser, il faut d’abord commencer par le début : accorder aux freelances une position claire sur le marché du travail, basée sur la législation, l’image renvoyée et l’expertise. « Pour y parvenir, les freelances et les intermédiaires doivent se serrer les coudes et chercher à encore mieux se comprendre », dit Maurice Roy (Hays). « Les RH devront élaborer une politique de recrutement, mais devront d’abord s’informer auprès d’experts du marché. Un événement comme Dag van de Freelancer est un bon exemple de branding de la valeur ajoutée et du rôle du freelance sur le marché du travail. »

Mark Willems tourne à nouveau son regard vers nos autorités, qui ont réagi trop tard, voire pas du tout, aux changements annoncés. « Les défis qui ont été relevés se contentent de contourner le sujet plutôt que de procéder à la base à des réformes drastiques. Cette complexité n’a fait que s’accroître dans le temps, mais n’a à mon sens plus aucun lieu d’être. Le marché du travail est ainsi devenu un écosystème complexe. Avec de l’innovation au niveau politique et l’utilisation de la technologie, beaucoup de choses auraient pu être efficacement réglées aujourd’hui.”

Des données complexes

En tant qu’accountant, Jef Franck est parfaitement à l’aise avec la complexité de la législation et de la fiscalité, mais il tient à préciser que la complexité va au-delà. « L’ensemble du processus de l’offre et de la demande de missions est en soi une donnée complexe. Comment, quoi, quand et sous quelles conditions… : les possibilités ne manquent pas, et existent aussi des inconnues, des visions et des points de vue variés, mais aucun éclairage. Ce qu’il faut, c’est changer l’état d’esprit des parties. »

Maurice Roy (Hays) constate que notre pays n’est en la matière pas aussi avancé que les Pays-Bas. « Nous restons encore très traditionnels en Belgique. Les réglementations en place et les obligations sociales n’aident en rien pour la perception des freelances », ce qui peut paraître inéquitable. « Les freelances n’ont pas suffisamment de soutien de la part du marché et ont, eux-aussi, besoin de coaching et d’être guidés », poursuit-il.

Se serrer les coudes

« Tout comme nos autorités, l’écosystème a aussi son rôle à jouer à travers toutes les parties qui mettent en contact les freelances et les clients, et qui facilitent leur collaboration », souligne Mélanie Deblanc (GIGHOUSE). Elle constate que de nombreux acteurs ont une vraie vision et que chacun d’eux apporte sa contribution via sa solution future proof. « Ce qui est remarquable, c’est que si l’on rassemblait toutes les solutions, on pourrait voir les parties se renforcer mutuellement. En tout cas, j’en suis convaincue. Je crois aux partenariats durables qui peuvent mener à interconnecter les solutions. Je crois également que si nous unissons nos forces, le marché du travail de demain va évoluer positivement vers un marché où l’accent sera mis sur les talents, sans avoir à se tracasser de la forme des contrats. »

Et Ellen Saeys (TAPFIN) de conclure : « On assiste déjà à des changements de direction. Cependant, il faut encore relever le défi d’être capable à un moment donné d’anticiper, afin de pouvoir répondre au besoin de talents et de disposer d’un cadre approprié. »

Freelance journalist. Doet van horen, zien en schrijven over o.a. HR en de arbeidsmarkt. Voir tous les articles de Timothy Vermeir