"Exploring the future of work & the freelance economy"
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Stijn Broecke (OCDE) : « Il faut veiller à une flexibilité équitable. »

Le nombre plus ou moins important de freelances présents sur le marché du travail dépend principalement de la politique (fiscale) menée par les autorités publiques et des possibilités offertes par ce marché aux individus. Mais la qualité des travailleurs indépendants prime sur la quantité.

Dans le cadre du projet ‘The Future of Work’, le Senior economist Stijn Broecke et ses collègues étudient les grandes évolutions que nous vivons actuellement, comme la numérisation, l’automatisation, la globalisation et le vieillissement démographique, afin d’en discerner l’impact (futur) sur le marché du travail. « Nous nous intéressons aux faits d’actualité et à ce qu’ils représentent par rapport au nombre, à la variété et à la qualité des emplois disponibles, et de là voir quels seront les groupes de population qui risquent d’y gagner ou d’y perdre », explique Stijn Broecke.

Le travail non conventionnel

L’OCDE suit également de près les formes de travail non conventionnelles, comme le travail freelance et le travail temporaire. Selon Stijn Broecke, une première constatation notable nous indique que dans les pays de l’OCDE, le nombre de travailleurs indépendants est à la baisse. Pour quelle raison ? Il y a de moins en moins d’agriculteurs…

Il est toutefois moins évident de déterminer si dans les pays de l’OCDE le nombre de freelances est ou n’est pas en augmentation. Ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas de variation : si dans certains pays le travail flexible non conventionnel tend à augmenter,  comme c’est notamment le cas aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en France et en Slovaquie, dans d’autres il diminue.

La politique gouvernementale

L’explication de ces différences se trouve principalement dans la position prise par les autorités publiques, mais aussi dans le rôle joué par l’apport technologique et la volonté des personnes et des entreprises. La technologie facilitant les relations entre les entreprises et les prestataires indépendants, même au-delà des frontières nationales.

« Mais lorsque nous constatons une nette augmentation, les décisions politiques y sont généralement pour quelque chose. Elles ont bien souvent un impact (voulu ou non) sur les choix posés par les personnes et les entreprises », dont acte. En finalité, lorsqu’il y a avantage (à court terme) pour l’entreprise et/ou pour le travailleur, le travail d’indépendant va prendre le dessus sur l’emploi conventionnel.  « Si elle y est confrontée, l’entreprise peut plus facilement licencier, elle est aussi moins imposée, etc. », résume Stijn Broecke. « Du côté travailleurs, il peut être plus ‘intéressant’ dans certains pays d’être indépendant plutôt que salarié, car l’imposition est nettement moins forte. »

Plus de freelances, moins de productivité

Une économie comptant beaucoup de freelances est-elle plus performante qu’une économie avec relativement peu de freelances ? « Cette question n’a pas de réponse », dit Stijn Broecke. La situation actuelle serait tout simplement trop complexe, et avec trop de facteurs entrant en jeu, pour que l’on puisse tenter quelque conclusion.

« On constate, par exemple, que dans les pays où le travail est avant tout flexible, ce n’est pas nécessairement positif pour la productivité et la croissance économique. L’une des principales causes étant qu’il est moins investi dans la formation de ces travailleurs flexibles. L’employeur investit généralement moins dans les travailleurs sous contrat temporaire, et les indépendants sont moins souvent incorporés dans les formations, par rapport à leurs collègues salariés. C’est négatif et néfaste pour la productivité », affirme Stijn Broecke.

Inversement, une relation professionnelle peut parfaitement s’établir sur base de données : si le marché de l’emploi n’est pas suffisamment demandeur, les travailleurs vont faire le choix d’être indépendant pour se garantir un revenu. « C’est devenir indépendant par choix… négatif !  Avec pour conséquence que les indépendants ne vont pas grandir en entreprise, ne vont pas recruter du personnel, etc. »

Avoir une bonne raison d’être indépendant

Tout est-il catastrophique pour autant ? Bien sûr que non. « Il existe heureusement aussi des indépendants par choix positif, qui contribuent à l’innovation, à la productivité… Les diverses formes du travail flexible jouent un rôle essentiel, et nous avons à les encourager en donnant aux personnes la possibilité de se développer. Mais il faut que ‘l’esprit d’indépendance’ soit respecté, de même que l’équité de la flexibilité : il ne faut pas devenir indépendant pour des raisons négatives ou dans l’unique but d’échapper à l’imposition et à la règlementation du marché du travail. Ce serait clairement s’engager sur une mauvaise voie. »

Freelance journalist. Doet van horen, zien en schrijven over o.a. HR en de arbeidsmarkt. Voir tous les articles de Timothy Vermeir